Le mauvais génie by Comtesse de Ségur

Le mauvais génie by Comtesse de Ségur

Auteur:Comtesse de Ségur
Format: epub


XV

Réveil et retour de Julien

M. Georgey continua sa route, laissant Julien à la barrière. Julien entra, alla à la maison, et trouva les Bonard inquiets de lui et Frédéric. Il faisait tout à fait nuit ; il était neuf heures.

– Ah ! vous voilà, enfin ! dit Mme Bonard ; je commençais à m’inquiéter. Où est Frédéric ? J’ai à lui parler.

Julien, d’un air embarrassé. – Je ne sais pas, maîtresse ; il y a longtemps que je ne l’ai vu.

Madame Bonard. – Et pourquoi vous êtes-vous séparés ?

Julien, baissant la tête. – Maîtresse, c’est que... je me suis endormi au théâtre, et M. Georgey ne m’a éveillé qu’à huit heures.

Madame Bonard. – Endormi ! Éveillé à huit heures par M. Georgey ! Qu’est-ce que cela signifie ?

Julien, éclatant en sanglots. – Oh ! maîtresse, cela signifie que je suis un malheureux, indigne des bontés de M. Georgey ; je me suis enivré ; c’est pourquoi je me suis endormi. Oh ! maîtresse, pardonnez-moi ; je vous jure que je ne recommencerai pas.

Madame Bonard. – Mon pauvre garçon, je te pardonne d’autant plus volontiers que tu ne t’es pas grisé tout seul, sans doute, et que M. Georgey t’aura payé ton vin.

Julien. – Oui, maîtresse.

Madame Bonard. – C’est donc lui qui t’a grisé ?

Julien. – Oh non ! maîtresse, il dînait ; il ne faisait pas attention à moi ; je buvais quand je n’aurais pas dû boire. Et moi qui avais été à la foire pour l’empêcher d’être trompé !

Madame Bonard. – Trompé par qui ?

Julien. – Par... par... Alcide.

Madame Bonard. – Mais il n’était pas avec vous, Alcide.

Julien. – Pardon, maîtresse, il nous a rejoints avec Frédéric.

Bonard, frappant du poing sur la table. – Avec Frédéric ? Encore ! Quand je l’avais tant défendu !

Madame Bonard. – Et sont-ils restés ensemble ?

Julien. – Je ne sais pas, maîtresse ; je ne les ai plus vus quand je me suis réveillé.

Bonard. – C’est égal, mon garçon, ne t’afflige pas ; tu n’y as pas mis de méchanceté, tu ne savais pas que ce vin te griserait. Tu as l’air fatigué ; va te coucher.

Madame Bonard. – Ôte tes beaux habits neufs, d’abord. Je vais les serrer ici à côté.

Julien ôta sa redingote, puis son gilet. Il mit les mains dans les poches.

– Ah ! mon Dieu ! Qu’est-ce qu’il y a donc ?... De l’argent !... De l’or !... D’où vient ça ?... Ce n’est pas à moi !... Je n’y comprends rien.

Madame Bonard. – De l’or ! Comment as-tu de l’or dans tes poches ? Et que de pièces !

Elle et son mari comptèrent les pièces : il y en avait dix, plus quelques pièces d’argent. Ils étaient stupéfaits.

– Oh ! mon Dieu ! mon Dieu ! s’écria Julien, on va croire que je les ai volées ! Mais quand et comment tout cet or a-t-il pu venir dans ma poche ? Je ne me souviens de rien que d’avoir dîné et puis dormi au théâtre.

Bonard. – Écoute, Julien, M.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.